Hommage à Patrick Saussois – Sessions de concert à la Taverne de Cluny, décembre 2008 – Avec Frangy Delporte

Nature, Julien Nègre Production

Hommage à Patrick Saussois – Sessions de concert à la Taverne de Cluny, décembre 2008 – Avec Frangy Delporte

 

– Archive Document Audio Musical : Jazz Manouche

Patrick Saussois (guitare électrique), ici en duo avec Frangy Delporte (guitare acoustique), lors d’un concert à Paris, La Taverne de Cluny, décembre 2008.

Pédagogue et historien du jazz, producteur et fameux musicien du style manouche, Patrick Saussois a su par sa générosité et écoute particulière prendre une place importante dans le paysage musical du jazz français, et ce autant du côté du public que des professionnels de la musique.

 

– Le contexte :

A la fin de l’année 2008, je retrouve Patrick Saussois suite à son invitation, à la Taverne de Cluny (Monk) à Paris :

Depuis quelques années j’avais lié une certaine relation (professionnelle) avec ce dernier. En effet Patrick Saussois, musicien et producteur, est récemment devenu distributeur de disques (Djaz Distribution) et ce en réaction à un contexte économique difficile pour l’industrie musicale: la fermeture de certain distributeurs indépendants dont DAM distribution, son label (Djaz Records) n’est alors plus diffusé. Il fonda donc avec une certaine efficacité cette maison de distribution qui diffuse ses productions, ainsi que d’autres labels orientés vers la musique jazz, guitare, et jazz manouche.

C’est dans ce contexte, en tant que disquaire sur les Champs-Élysées, affectionnant cette musique jazz manouche parisienne, et avec une certaine complicité que je côtoie Patrick qui passe en magasin chaque mois, aussi par téléphone, me tenant informé de ces sorties d’albums, projets et productions…

La chose étant, et un contexte économique de moins en moins favorable à la vente de disques, l’importance de reprendre plus quotidiennement la scène pour des revenus réguliers, c’est ce que Patrick me fait part et s’investit plus assidument dans les clubs parisiens et de banlieue. C’est avec un jeune guitariste, Frangy Delporte, qu’il a notamment choisi d’écumer les scènes. Il m’en parle comme d’un musicien de la nouvelle génération, avec qui il a une réelle amitié, et complicité de jeu. Il apprécie son jeu qui se nourrit de la pure tradition manouche et jazz, discrétion et authenticité musicale… C’est vers lui qu’il se sent en quelque sorte rebondir vers le duo et live, à ce moment.

Patrick est un passionné d’interactions humaines et musicales, c’est un vrai bonheur de l’entendre parler des histoires et points de vue sur les musiques, des guitaristes, le business des productions, qui dans beaucoup de cas cherche à vulgariser certain styles musicaux. Le jazz manouche jouit d’une belle croissance populaire déjà à cette époque : il se pose des questions sur certaines stars qui s’en accaparent le style…

Ceci étant dit, à ce rendez-vous à la Taverne de Cluny de début de soirée, le temps est quelque peu pluvieux. La nuit c’est déjà faufilée, j’attends Patrick devant l’entrée illuminée du fameux club parisien du 5ème arrondissement. Patrick arrive à pieds, guitare au dos, un peu haletant. Il me tend un disque en souriant : « Tiens voici une dernière sortie ! Désolé le boitier c’est un peu fendu quand je marchais …  » Il s’agit d’une réédition pour la première fois en CD des sessions de  Les Manouches de Saint-Ouen  : issus d’enregistrements avec Mondine et Ninine Garcia, piliers  de « la Chope des Puces » à St-Ouen, en ce temps là. Il me raconte le travail opéré et le choix des enregistrements (1969/83) qui étaient à l’époque sur 45 tours, ou cassettes analogiques. Une belle photo des deux protagonistes prise dans les années 70, trône sur un fond or, toute la fierté et dignité de l’esprit de ces deux guitaristes manouches s’en dégage. Je le remercie.

Une fois à l’intérieur et pendant qu’il s’installe sur scène et balances, il me présente Frangy Delporte qui m’accueille avec un charmant sourire. Tout en se préparant et parlant de son parcours, il m’indique qu’il cherche quelque peu à rebondir sur un projet différent d’Alma Sinti. Plus jazz, et une formation en trio, orgue, batterie et guitare. C’est l’idée de reprendre les thèmes du compositeur américain Burt Bacharach à sa sauce, avec à l’orgue Rhoda Scott et son batteur Lucien Dobat qui le motive en cette fin 2008. Le projet est en gestation.

Les deux musiciens sont prêts, une certaine ambiance chaleureuse de club et la proximité du public parsemé de tables rondes, pintes à bières pétillantes et verres à vin étincelants. Avec en arrière fond les rideaux feutrés à l’italienne et doux éclairages en guise de décor sont fin prêts. Les musiciens feront deux sets d’une heure environ chacun, entre standards de jazz américains et thèmes jazz manouche français. Avant qu’ils ne débutent je demande s’il peut interpréter La Gitane d’après un composition de Tchan Tchou Vidal, une valse jazz caractéristique de l’esprit sinti et gitan : merci à Frangy Delporte qu’il interprétera le thème dans le deuxième set avec toute sa verve et inspiration !

Ils vont débuter, je demanda à Patrick si je peux faire quelques images et enregistrer, il me fit un clin d’œil en souriant et dit :  » Ah ben comme ça un jour tu produiras l’album et le sortira sur ton label ! » :

 

Les trois parties audio de la session concert :

 

… Il l’enregistrera quelques semaines plus tard le projet autour du trio et Burt Bacharach, en mars 2009, et c’est en rentrant de la session studio qu’il est victime d’un accident vasculaire cérébral. C’est son dernier témoignage musical :  The Look of Love paru en 2010.

 

Le mot de Frangy Delporte :  » On jouait surtout pour le plaisir, pas de prise de tête, avec Patrick pas de concurrence, chacun son style. Je l’ai pris comme un père spirituel en musique, il m’apprenait les morceaux, les valses… On avait commencé à composer ensemble, il s’était investi sur mon album auto-produit et réalisé la pochette. Il voulait par la suite produire mon album sous son label… Le dernier concert ensemble au café Saint-Jean (Abbesses, Paris), il a joué merveilleusement bien, on s’est éclaté. C’est quelqu’un qui aimait rire, les blagues et histoires drôles … En quelques mots mots pour moi, Patrick c’était rire, jouer, plaisir, amitié, famille ! »

 

 

Julien Nègre – juin 2022.

Merci à Frangy Delporte pour sa collaboration.

 

 

Deux captations vidéo du concert :

 

Biographie (wikipedia) : En 1976 il joue en trio et commence à faire les bals. Il commence une carrière professionnelle en 1977 et travaille avec Gilbert Leroux et Daniel Garcia. En 1980, il rencontre Didier Roussin, avec lequel il jouera en duo pendant 9 ans, et enregistre son premier album, Si tu savais, en 1982.

Vers 1988, Patrick Saussois crée sa propre maison de disques Djaz Records.

En 1996, il crée sa formation Alma Sinti avec entre autres Jean-Yves Dubanton, Samy Daussat, Jean-Claude Bénéteau, Jean-Claude Laudat, Stan Laferrière (fils de Marc Laferrière) et Jean Cortès.

C’est aussi un ami de Jean-Luc Chevalier et de Daniel Givone, avec lesquels il a eu l’occasion plusieurs fois de jouer en concert.

Il vivait à Montrouge, où il organisait chaque année une Nuit du jazz manouche.

C’est aussi un ancien animateur sur la station de radio TSF Jazz.

En , il est victime d’un accident vasculaire, qui génère un syndrome d’enfermement, le laissant dans l’incapacité de poursuivre sa carrière. Il s’éteint le 21 septembre 2012.

https://www.facebook.com/PATRICK-SAUS…
https://myspace.com/patricksaussois

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SPPF (Production phonographique) SACEM (Droits musicaux) ADAMI (interprète) SPEDIDAM (musicien)

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Crédits Photos: J.Nègre, E.Menassier, J-M Moutet